Afghanistan: la Saint-Cyrienne contre l'"indécence" médiatique

Publié le

07/09/2008

Afghanistan: la Saint-Cyrienne contre l'"indécence" médiatique

Voici le message du général (2S) Dominique Delort, président de la Saint-Cyrienne, a envoyé aujourd'hui aux adhérents de l'association, à propos des évenements de l'Afghanistan et de leur couverture médiatique. La Saint-Cyrienne regroupe les anciens élèves de Saint-Cyr. |Les phrases soulignées le sont par JDM]

"Dignité et Indécence"

"Tout d’abord ce fut la violence des combats au creux d’un col très loin en Afghanistan. Après le temps de l’affrontement vint la violence de la nouvelle qui toucha tous les français en plein mois d’août. Pour les uns, ce fut la mort ou les blessures et la tristesse de perdre des compagnons d’armes, pour les autres la douleur des familles concernées et une certaine stupéfaction générale.

Ce qui fut remarquable, ce fut la dignité des familles comme celle des camarades de combat des hommes du 8e RPIMA, du 2e REP et du RMT blessés ou tués dans l’embuscade.

Les Français ont pu aussi constater la grande dignité des honneurs de la France à ses morts dans la cour des Invalides. Le président de la République chef des armées a représenté tous ces français qui regardaient avec respect et parfois compassion se dérouler ce cérémonial qui, traversant les siècles, donne une très grande dignité à la mort au champ d’honneur.

J’ai noté en cette fin du mois d’août, comme beaucoup, la dignité quasi générale de la presse mais aussi des médias dans leur ensemble. J’ai vu aussi cette très belle couverture de Paris-Match montrant ce parachutiste rayonnant, fort et modeste, fier de servir son pays et heureux de la vie qu’il avait choisie.

Puis vint le temps de l’indécence, du moins chez certains, heureusement peu nombreux.

Après la violence du combat, les interrogations sont légitimes. Mais il y a des limites. Si celles du cœur sont personnelles et subjectives, celles de l’intelligence avec l’ennemi ne le sont pas. Donner une tribune par « principe », une compréhension de celui de la liberté de la presse, à la partie obscure de la force c’est admettre, ne serait ce qu’un peu, l’inacceptable. Ce « principe » aurait-il été acceptable dans les années 40 ? N’a t-il pas été parfois dévoyé dans les années 50 ?

Oui, il y a indécence dans un certain voyeurisme, la recherche de détails plus ou moins sordides au profit de personnes installées loin des combats. C’est écœurant. Oui, il y a indécence en omettant d’écrire que ces gens sont des assassins, achevant un blessé français à l’arme blanche.

Le débat qui a suivi la parution du reportage de Paris-Match montre heureusement que beaucoup de citoyens et de chroniqueurs ne supportent pas l’exploitation du voyeurisme, ce micro tendu, cet objectif
complaisant. Nous ne reconnaîtrons pas les auteurs de ce reportage parmi tous ces photographes et ces grands reporters qui ont le respect et parfois l’admiration des soldats français en opérations. Que dire de leurs commanditaires et de leur « principe » !

J’ai vu à Visa pour l’Image, le 30 août à Perpignan, beaucoup de dignité, dans un professionnalisme libre mais où la réflexion éthique m’a paru toujours présente. C’est suffisant pour respecter le beau
métier de grand reporter et de photographe.

Dans cette bataille de la communication, restons dignes et solides. C’est le meilleur appui à donner à nos soldats, ceux de la France et des Français".

 

Publié dans COMMUNIQUES REDACTION

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